«Le Christ n’a pas voulu beaucoup nous expliquer son amour pour nous, mais Il la manifesté par ses gestes. Nous découvrons en le voyant agir la manière dont Il nous traite chacun, même si nous avons du mal à le percevoir. Allons donc chercher notre foi peut le reconnaître: dans l’Évangile.»
Dilexit nos 33

Le récit de sa vie commence avec l’épisode de son engendrement grâce au «Oui» de Marie. Depuis le milieu de la nef nous pouvons repérer une colombe sur le deuxième pilier de gauche. A partir de cette colombe, nous sentons que des éléments se donnent à contempler entournant autour du pilier…De fait, se découvre alors la scène de l’Annonciation, suivie de celle de la Visitation.

Le fait que la Colombe soit associée à une mandorle et à un rayon sortant de sa poitrine n’est pas anodin : cela rejoint une intuition d’Ignace de Loyola qui, dans les Exercices Spirituels, fait contempler la Trinité elle-même:

«se rappeler l’histoire du mystère que l’on doit contempler. Ici, je me rappellerai comment les trois Personnes divines, contemplant la surface de la terre couverte d’hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent, dans leur éternité, que la seconde Personne de l’auguste Trinité se fasse homme pour sauver le genre humain; et comment ce mystère s’accomplit, lorsque dans la plénitude des temps l’Archange Gabriel fut envoyé à Marie.» (Exercices Spirituels 102).

Cette aventure du Salut se poursuivra et se déploira dans la vie de Jésus racontée par les évangiles. Tourner autour du pilier nous introduit dans cette dynamique de l’histoire de Jésus… Après l’Annonciation et à la suite, la Visitation, l’on découvre sur le pilier suivant la Nativité puis la vie cachée à Nazareth…

Annonciation
(Luc 1, 26-38)

La colombe , la mandorle rayonnante et le rayon sortant de sa poitrine évoquent la sainte Trinité

Le rayon traverse un ange et sort par sa bouche pour aller dans le cœur d’une jeune fille, référence à l’ange Gabriel et la vierge Marie

Visitation
(Luc 1, 39 – 56 + 57 – 64)

Zacharie & Elisabeth

Elisabeth accueillant Marie

Zacharie est en train d’écrire sur une tablette le nom de Jean, son fils, qui naîtra de son épouse Elisabeth qui, elle, est en train d’accueillir sa cousine Marie.

Nativité
(Luc 2, 11-12+16-19)

Marie & Joseph Jésus le bœuf et l’âne

Diversité de villageois

«Je me tiendrai en leur présence comme un petit mendiant et un petit esclave indigne de paraître devant eux. Je les considérerai, je les contemplerai, je les servirai dans leurs besoins avec tout l’empressement et tout le respect dont je suis capable, comme si je me trouvais présent.»
Ignace de Loyola Exercices Spirituels 114

Vie cachée à Nazareth
(Luc 2, 39-40)

Marie aux travaux ménagers

Joseph enseignant Jésus

Marie garde un œil attentif vers Joseph et Jésus :

«Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur» (Luc 2, 19+51b)

Si les piliers de gauche nous ont entraînés dans la première partie de la vie de Jésus, sa vie dite cachée, l’on pressent que cela va se poursuivre sur les autres piliers situés à droite, la vie publique de Jésus, qui va s’illustrer en premier lieu par l’appel de Matthieu. Mais l’on peut se demander s’il ne manque pas alors une scène essentielle qui marque précisément le passage de la vie cachée à la vie publique… Le baptême de Jésus. Effectivement c’est bien le baptême qui, avec la descente de l’Esprit Saint et la voix du Père disant :

«Tu es mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon Amour» (Marc 1, 11),

Cette phrase manifeste cette nouvelle étape dans l’itinéraire de Jésus. On est alors en droit de rechercher un baptistère, signe du baptême… Mais dans cette chapelle pas de baptistère ! Effectivement, ce n’est pas une église paroissiale : elle n’a donc pas vocation d’y célébrer des baptêmes…Que peut – il rester ?… Si vous regardez avec attention d’autres éléments de la chapelle, vous pourrez découvrir que les motifs décoratifs des grilles de l’allée centrale évoquent une ondulation comme l’eau d’une rivière, marquant un axe comme pour séparer une rive gauche d’une rive droite. Pour suivre cet axe, vous pouvez alors repérer 2 petits bénitiers situés sur les petits piliers intérieurs de l’entrée de la chapelle. Sur chacun d’eux est gravée la scène du baptême par Jean le Baptiste, avec l’Esprit qui vient, comme une colombe, reposer sur Jésus !

Une fois franchie cette allée centrale avec ces 2 bénitiers, nous quittons le «rivage» de la vie cachée de Jésus pour aborder celui de sa vie publique… Nous allons découvrir de la même manière les piliers de la nef situés sur la droite. Le premier pilier sur la droite nous fera contempler l’appel de Matthieu, suivi de la guérison de la fille de Jaïre, puis sur le pilier suivant, la sortie de Lazare du tombeau, suivi du discours sur la Vigne et se terminant avec la confession de Pierre à Césarée, moment Jésus met en retrait ses disciples pour les interroger sur son identité et Pierre répondra précisément à la question de Jésus :

«pour vous, qui suis-je?» (Matthieu 16, 15)

La présence de deux clés peuvent retenir notre attention. La plus petite est sur le tiroir-caisse de la collecte des impôts. Elle peut nous rappeler l’interpellation de Jésus dans son discours sur la montagne :

«est ton trésor, aussi sera ton cœur»(Matthieu 6, 19-21)

Vers quels trésors nous conduira la seconde clé ? est le vrai trésor de mon cœur ?

«Jésus vit un publicain et comme il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit, il lui dit : «suis – moi!» (Bède le vénérable)

C’est  ce passage qui marqua l’appel décisif du pape François à la vie religieuse dans la Compagnie de Jésus. Par la suite, quand il devint évêque en 1992, puis pape en 2013, il garda mention de cet épisode dans sa devise épiscopale et papale. Elle figura sur son blason jusqu’à sa mort en 2025, le lendemain de Pâques.

La guérison de la fille de Jaïre
(Mt 9, 18-25 ; Mc 5, 22-43 ; Lc 8, 41-56)

La jeune fille étendue est entourée de ses parents et de disciples de Jésus, dont un homme et une femmes se tenant par la main. Il s’agit peut-être de Cléophas et de son épouse Marie.

On remarquera derrière la porte que franchit Jésus pour aller vers la jeune fille, 2 figurines blanches discrètes dont l’une semble jouer de la flute… un écho de Matthieu 9, 23 :

« Jésus, arrivé à la maison du notable, vit les joueurs de flûte et la foule qui s’agitait bruyamment.»

Sortie de Lazare du tombeau
(Jean 11, 145)

Marthe se bouche le nez : «Seigneur, il sent déjà : c’est le quatrième jour qu’il est là !»
(Jean 11, 39)

«Le mort sortit, les pieds et les mains liés par les bandelettes»
(Jean 11, 44)

La foule présente autour de Jésus est impressionnée et manifeste de la peur…

Ainsi, depuis l’interrogation «Mais qui es- tu Jésus ?», éprouvée devant les vitraux de la tempête apaisée et de la pêche miraculeuse, nous avons déambulé dans la nef. La nef d’une église est précisément le lieu privilégié de l’écoute de la Parole de Dieu, proclamée durant les liturgies. Nous nous laissons (in)former par elle. Les évangiles nous façonnent intérieurement. Jusqu’à aboutir à ce chapiteau de la confession de Pierre à Césarée qui est une réponse à la question de Jésus :«et vous que dites- vous, pour vous qui suis-je ?»

Nous remarquons un renversement dans la dynamique qui nous avait mis en mouvement.C’est Jésus qui, en nous interrogeant sur ce que nous avons pu découvrir, ce que nous avons pu comprendre de sa vie, nous demande maintenant de nous prononcer sur ce qu’il est pour nous. Répondre à cette question de manière personnelle peut prendre du temps. Il ne s’agit pas d’une réponse théorique, mais d’une réponse qui soit le fruit d’une rencontre vivante avec le Seigneur. Aussi il ne faut pas être surpris que si la réponse, pour certains, peut venir rapidement, pour d’autres cela nécessite plus de temps… Finalement, peu importe la durée nécessaire pour chacun. L’important est de pouvoir répondre vraiment personnellement !

Mais que faisons- nous tant que nous n’avons pas répondu à la question de Jésus ? Et bien, nous pouvons revenir sur tel ou tel moment déjà contemplé de la vie de Jésus. C’est ce qu’Ignace appelle dans les Exercices Spirituels faire une «répétition» : retourner sur une scène dont on sent qu’elle peut encore nous apprendre sur Jésus… On continue à se laisser instruire. Nous continuons à déambuler dans la nef, librement, selon nos goûts et nos choix…

La vigne véritable
(Jean 15, 1-8)

«Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire… Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples.» (Jean 15, 5+8)

Les clés que remet Jésus à Pierre ressemblent à la deuxième clé de l’appel de Matthieu, dont la fonction pouvait nous interpeller…

À la suite de Pierre, répondre à la question de Jésus, nous fait prendre conscience de ce qu’il est pour nous. Cela n’est pas séparé de ce que nous avons pu découvrir de ce que nous sommes pour lui : non plus des serviteurs mais des amis.

«Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.» (Jean 15, 15).

C’est précisément au moment de son discours sur la vigne véritable qu’il fait cette révélation à ses disciples : «vous êtes mes amis».

Notre réponse peut rejoindre celle qu’a pu donner Claude La Colombière lui-même en son temps : choisir Jésus comme notre véritable ami.

Alors que Claude découvrait comment la vanité du monde pouvait l’atteindre, notamment dans ses relations, il choisit de se détacher de ces «amitiés mondaines» aux motivations bien ambigües. Car, ayant été précepteur des enfants de Colbert et donc proche des «puissants» de son temps (règne de Louis XIV), cela pouvait être intéressant pour certains de s’afficher comme «ami» du père Claude… Claude décide de renoncer à ces amitiés. Il s’en détache pour choisir Jésus comme son «seul et véritable ami»

«Jésus, Vous êtes le seul et le véritable Ami. Vous prenez part à mes maux, Vous vous en chargez, Vous avez le secret de me les tourner en bien.[…] Je Vous trouve toujours et en tout lieu; Vous ne vous éloignez jamais et, si je suis obligé de changer de demeure, je ne me lasse pas de Vous trouver je vais. Vous ne vous ennuyez jamais de m’entendre ; Vous ne vous lassez jamais de me faire du bien.[…] Quel que misérable que je sois, un plus noble, un plus bel esprit, un plus saint même ne m’enlèvera pas Votre amitié.»