La réponse à l’appel fondamental à la Vie est rarement immédiat, évident ou ajusté. Il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître.

Bien souvent se sont toutes sortes de distractions qui détournent notre regard et viennent retenir notre attention. C’est vers elles que nous orientons nos priorités, nos engagements, nos actions.

«Nous évoluons dans des sociétés de consommateurs en série vivant au jour le jour, dominés par les rythmes et les bruits de la technologie, et qui n’ont pas une grande patience pour accomplir les processus que l’intériorité requiert. Dans la société actuelle, l’être humain risque de perdre le centre, le centre de lui-même. L’homme contemporain est souvent perturbé, divisé, presque privé d’un principe intérieur qui crée l’unité et l’harmonie de son être et de son agir. Malheureusement, des modèles de comportement assez répandus amplifient sa dimension rationnelle et technologique, ou à l’inverse sa dimension instinctive. Le cœur fait défaut.»
Dilexit nos n°9

La conséquence est que notre réponse à cette invitation fondamentale est bien souvent remise à plus tard. Nous nous disons : «J’y reviendrai… Mais maintenant j’ai d’autres priorités…»

Dieu n’est pas ou n’est plus à la première place, mais remisé à une place seconde, voire secondaire. Il n’est plus fondement. Cette attitude définit ce que l’on appelle le péché : un éloignement, un oubli, une ingratitude conduisant jusqu’à une rupture de la relation avec lui.

Les disciples empêchent les enfants de s’approcher de Jésus
(Lc 18,15)

La foule ne croît pas Jésus et reste dubitative
(Mc 5,40)

Les visages sont fermés et tristes : refuser, rejeter Dieu ou lui faire barrage : c’est la définition du péché.

Personne n’est épargné, personne ne sort indemne d’une telle réalité.
Le récit biblique ne cesse de le rappeler :

«Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu» (Jn 1, 11)

Dans les évangiles, cela est présent dans deux groupes qui, ici, sont figurés sur les vitraux que nous venons de regarder.
Ils nous entraînent à découvrir un deuxième niveau de lecture de ces vitraux :
la foule, derrière la veuve et son fils, manifeste une attitude dubitative face à ce qu’accomplit Jésus.

Souvent dans les évangiles, la foule est versatile dans ses réactions vis à vis de Jésus. Si elle peut s’enthousiasmer, rapidement cela peut changer. C’est le signe d’une superficialité  et d’une résistance à vraiment croire en profondeur ce que dit et fait Jésus. Il en va de même pour le groupe des disciples qui ont pour tant commencé à cheminer à la suite de Jésus. Eux aussi peuvent lui faire barrage comme lorsqu’ils empêchent les petits enfants de l’approcher.

Dans l’expérience des apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie, la réalité de ces résistances et refus se fait entendre à travers la plainte des ingratitudes reçues en réponse à cet Amour qui se donne:

«Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes et qui ne reçoit qu’ingratitudes…Et une ingratitude plus grande encore venant de ceux qui [lui] sont consacrés...» (cf. 3e grande apparition de 1675).

Rapporté à l’espace symbolique que représente notre chapelle, lieu de la présence partagée avec Dieu, cette orientation s’exprimerait par notre sortie immédiate de ce lieu pour rejoindre l’extérieur : un monde éloigné de Lui, sans Lui, le monde de nos soucis et de nos préoccupations.